Visiter le château de Marbeaumont
Visite guidée du château de Marbeaumont, histoire du bâtiment, architecture, décors, histoire de la famille Varin-Bernier
Un écrin de verdure: le parc de Marbeaumont
Le parc du château de Marbeaumont a été imaginé dès 1866 par Philippe Arbeaumont, paysagiste à Vitry-le-François, lors de la construction de la première maison de maître. Le parc a ensuite été remanié au début du XXe siècle, pendant la construction du château actuel. Le parc s’étendait à l’origine jusqu’au-delà du stade d’athlétisme.
La partie du parc qui se trouve entre le canal et la rue du Stade est un parc dit « à l’anglaise ». Tout comme le château de Marbeaumont, le parc devait illustrer la fortune de ses propriétaires. Les arbres qui y sont plantés sont d'essences rares et précieuses, ou moins rares mais de port majestueux. Par exemple, on trouve un ginkgo biloba, un tulipier, un séquoia, un tilleul argenté, un fau de Verzy… Le parc à l’anglaise comportait au début du siècle plusieurs pièces d’eau dont une est encore visible. Elle était alimentée par une dérivation du Naveton qui débouchait sur une cascade de rocaille.
La partie du parc qui se trouvait au-delà de la rue du Stade comprenait un vaste étang, des potagers et des vergers. Le passage de la rue ayant dû être conservé, on pouvait rejoindre la seconde partie du domaine par un tunnel de rocaille.
Les façades du château
Le château de Marbeaumont, construit entre 1903 et 1906, est décoré à l’intérieur comme à l’extérieur dans un style éclectique. Les façades sont le résultat d’un mélange de plusieurs styles. L’alternance de brique, d’ardoise et de pierre fait penser aux châteaux Louis XIII, tandis que les balcons et les éléments sculptés sont inspirés de la Renaissance.
La marquise et le jardin d’hiver sont quant à eux des éléments typiques de la fin du XIXe siècle. Les volutes de fer forgé qui décorent la porte d’entrée et les ouvertures du rez-de-jardin sont de style Art Nouveau.
Les toits d’ardoise, très hauts, tout en tourelles et clochetons, sont décorés d’une multitude de pièces de zinguerie (faîtières, rambardes, pots à feu, girouettes…). Dans le clocher le plus haut se trouvent une horloge et un carillon de dix cloches réalisés par la maison Lepeautre. Le carillon fonctionnait grâce à une machinerie à cartes perforées : il pouvait jouer une dizaine d’airs différents.
Le rez-de-chaussée : le hall d’entrée
Espace de réception, le rez-de-chaussée est décoré de façon luxueuse : la richesse des décors devait illustrer le bon goût de la famille Varin-Bernier. Chaque pièce est décorée dans un style différent qui rappelle un style du passé: les planchers, les plafonds, les poignées de portes et de fenêtres… rien ne se ressemble d’une pièce à une autre.
Le grand hall, décoré de boiseries en noyer et de marbre vert, au sol couvert d’une mosaïque inspirée de l’Antiquité, distribue les pièces : la petite salle à manger et le jardin d’hiver d’une part, les salons de réception et le bureau de M. Varin-Bernier d’autre part.
L’originalité du bâtiment se découvre dans l’agencement des espaces, autour d’un grand vide central éclairé par des verrières zénithales.
Le rez-de-chaussée : le jardin d’hiver et la petite salle à manger
Aujourd’hui transformée en bureau, la petite salle à manger était destinée aux repas pris dans l’intimité. Décorée de boiseries en chêne, d’une cheminée en marbre et de peintures de paysages, elle s’ouvre directement sur le jardin d’hiver.
Le jardin d’hiver était également une pièce intime, réservée à l’usage de la famille. D’abord destinée à mettre les plantes à l’abri du gel hivernal, le jardin d’hiver était aussi utilisé comme un salon. Les hautes fenêtres à décor de vitraux et de fer forgé, attribués à Alfred-Georges Hoen, maître verrier à Bar-le-Duc, assuraient aux plantes une bonne luminosité. Cette salle est décorée en trompe-l’œil. Des carreaux de faïence peinte ouvrent une fenêtre sur une fontaine et un jardin imaginaire tandis que le plafond est orné de plantes grimpantes et d’un ciel bleu. Un treillage sur les murs devait permettre aux plantes grimpantes de s’agripper et de rejoindre le ciel.
Le rez-de-chaussée : de la grande salle à manger au grand salon
Du grand hall, trois portes à double battant s’ouvrent sur une enfilade de pièces de réception. Deux portes coulissantes situées au niveau du petit salon permettaient de moduler les espaces selon les besoins.
La grande salle à manger est décorée dans un style Renaissance, avec un plafond à caissons colorés, des boiseries en chêne et une vaste cheminée en bois sculpté, ornée de guirlandes de fleurs, de masques et de lions.
Le petit salon ou salon de musique, de style Louis XVI, présente des boiseries peintes en gris Trianon agrémentées de guirlandes de roses et un plafond peint à motifs d’angelots. La pièce s’ouvre sur une terrasse qui permet d’accéder au parc.
Le grand salon, également utilisé comme salle de bal, est d’inspiration Louis XIV. Les sombres boiseries de chêne sont rehaussées d’or. Le plafond, peint par Edouard Martens, est daté de 1906. Il représente une allégorie des arts dramatiques : la tragédie (brandissant un poignard), la comédie (portant un masque à l’antique), l’art lyrique (trois figures féminines)...
Le rez-de-chaussée : la salle de billard et le bureau de M. Varin-Bernier
Au grand salon succède une pièce très à la mode dans les demeures bourgeoises de la fin du XIXe siècle : la salle de billard, qui servait aussi de fumoir. Cette pièce est plus particulièrement dédiée aux hôtes masculins. Elle est décorée dans un style Directoire, avec des motifs qui rappellent l’Antiquité romaine et égyptienne. Les boiseries sont marquetées dans une alternance de bois sombre et clair.
En face de la salle de billard, de l’autre côté d’un petit couloir, se trouve le bureau-bibliothèque de M. Varin-Bernier, aujourd’hui transformé en espace d’exposition. Le banquier exposait dans cette salle ses objets d’arts et ses livres précieux.
Du temps jadis, deux armoires ont été conservées et sont toujours visibles. Le bureau est décoré dans un style Empire, avec des lambris en acajou et des miroirs en face-à-face qui donnent une impression de profondeur.
Deux allégories encadrent la cheminée : l’une représente la peinture, l’autre l’écriture.
Le premier étage
Le premier étage offre une vue imprenable sur la mosaïque qui compose le sol du hall. Il est distribué autour d’une mezzanine ceinte d’une balustrade de noyer décorée de fleurs en fer forgé.
Réservé à la famille Varin-Bernier, le premier étage est doté d’une décoration plus homogène et plus sobre. A l’origine, le premier étage comptait huit chambres, sept cabinets de toilette, un cabinet de travail, une salle de bain, des toilettes et un espace de service avec un monte-charge. Ces espaces ont été décloisonnés lors des travaux de réhabilitation en 1996, pour permettre l’installation de la Médiathèque.
Juste au-dessus de la marquise se trouve la chambre « d’honneur » réservée aux hôtes de marque. Elle présente un beau travail de menuiserie et de stuc avec ses portes galbées et ses rinceaux de feuillages et de fleurs. Sur le palier d'en face se trouvent les deux chambres des maîtres de maison qui communiquaient par un cabinet de toilette.
Donnant sur la pièce d’eau du parc la chambre de Monsieur René constitue quant à elle une véritable suite : chambre, bureau et cabinet de toilette se succèdent. Les quatre chambres restantes étaient réservées aux trois filles des Varin-Bernier, déjà mariées et installées de leur côté lors de la construction du château.
Le deuxième et le troisième étage
Au deuxième étage, aujourd’hui occupé par l’espace jeunesse, se trouvaient les chambres des domestiques qui possédaient chacune leur cabinet de toilettes, et une lingerie.
Ces pièces entouraient une terrasse à ciel ouvert garnie de deux verrières (actuellement la salle de l’Heure du Conte), puits de lumière qui éclairaient le rez-de-chaussée.
Au troisième étage, sous la charpente, se trouvent de vastes combles qui donnent accès aux terrasses et aux clochetons.
Les combles ont été réaménagés pour recevoir les réserves de la Médiathèque.
Le mobilier
Comme pour le château et le parc, un luxe ostentatoire a présidé à l’ameublement intérieur.
Le mobilier, qui provenait de la Maison Jeanselme à Paris, reproduisait les différents styles qui présidaient à la décoration des pièces.
Bergères, tables, lits, consoles … s’épanouissaient en courbes généreuses et en ornements exubérants. Portières, rideaux et draperies à passementeries décorent abondamment portes et fenêtres. Tous ces éléments décoratifs contribuaient à donner une impression de confort et de prospérité.